BILLET SPIRITUEL :MI-CAREME

Un "billet spirituel" écrit par Mgr Le Gal, ancien évêque aux armées et actuellement évêque auxiliaire à Lyon :

"Mi-carême en vue, à nous les crêpes et les bugnes !

Ouf ! Ouf ! fait le pénitent poussif qui voit dans la mi-carême une bonne aubaine pour rompre le jeûne et échapper, l'espace d'une journée, aux rigueurs de l'ascèse quadragésimale... Double erreur, cher Monsieur, la liturgie ne prévoit pas une telle rupture dans nos pratiques pénitentielles de carême et l'oraison du jeudi de la mi-carême en témoigne, qui nous fait demander à Dieu de "nous accorder une plus grande générosité pour nous préparer à célébrer le mystère pascal." Bien plus, il y aurait sûrement un préjudice à ne pas saisir cette invitation, chaque année, à vivre avec constance ces quarante jours de désert.

Pourquoi donc alors la mi-carême ? Non pas alibi pour glisser quelques festivités arrosées au coeur de notre carême, mais humble nécessité qui s'imposait aux pauvres, fidèles à respecter un jeûne strict : point de viandes, pas plus de poissons gras (adieu le saumon !), pas même d'oeufs à leur table. Mais, les poules ne faisant pas carême, n'allait-on pas laisser se perdre leurs oeufs qui ne se gardent guère plus de 20 jours ; ainsi naquit la mi-carême où l'on mangeait sous toutes les formes ces oeufs datant du mercredi des Cendres avant de décorer en vue de Pâques ceux des 3 dernières semaines du carême. Peut-être pourrait-on se souvenir de cela en notre société de consommation qui jette et qui gâche sans vergogne : ne serait-ce pas là un nouvel axe d'ascèse et de conversion, un "jeûne" qui plaise à Dieu ?

Le carême avec ses quarante jours suivis est aussi une chance ; quelle chance ? Celle de nous offrir une - petite - occasion bien utile d'inscrire notre effort de conversion et toute notre vie dans la durée : foin des coups d'éclat sans lendemain, rien de ce qui ne dure ne vaut ; la durée mesure la fidélité ; nous aspirons à la fidélité et nous peinons à la vivre ! Faisons donc quelques gammes pour retrouver cette agilité de l'âme à être fidèle. Ces quarante jours de carême offrent à cet égard une belle opportunité : quarante jours d'attention suivie, dans l'ordre de l'aumône, de la prière et du jeûne, c'est-à-dire, dans l'ordre de l'amour du prochain, de l'amour de Dieu et du respect de soi-même. Alors n'ébréchons pas notre carême : il est chemin de libération.

Mi-carême en vue, Pâques se profile, hâtons le pas !"

Je voulais vous faire ce partage car je ne connaissais pas l'origine de la mi-carême.

Caro.

Je vous remercie, Dame Caro, pour le partage de cette intéressante réflexion par Mgr Le Gal sur la mi-carême. Moi aussi, je ne savais pas la raison de cet usage ... je m'imaginais que cela était une question de symbolisme religieux. La vraie raison est dans un sens plus chrétienne qu'une pratique purement liturgique : << Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous et, quand vous le voudrez, vous pourrez leur faire du bien ... >> ( Marc 14 : 7 ).

Augustin